La lutte contre le délit de faciès ne faiblit pas

Publié par Maïlys DUBOIS le 23/07/2010 | Lu 9759 fois | 2 réactions

« Dix ans de lutte contre les discriminations » : la rencontre organisée samedi au Sanitas, à Tours, n'a pas rameuté les foules, malgré l'intérêt du débat.

A la table, face à une assistance très clairsemée, les représentants de SOS Racisme et les avocats ont abordé sans tabou les problèmes liés aux discriminations.

“ Dix ans de lutte contre les discriminations ” : la rencontre organisée samedi au Sanitas, à Tours, n’a pas rameuté les foules, malgré l’intérêt du débat.

C’était à Tours, il y a dix ans : pour la première fois en France, une discothèque (c’était Le Pym’s) subissait une condamnation pour discrimination. Le cas tourangeau fit jurisprudence. Les choses semblent avoir évolué et la présence de l’actuel patron de la grande discothèque tourangelle au débat-conférence sur les discriminations, organisé samedi au Sanitas par SOS Racisme, témoignait en ce sens. « Depuis, l’État est intervenu pour que les victimes soient davantage écoutées par les fonctionnaires de police. Dix ans après, on porte plainte beaucoup plus facilement. La HALDE, la Haute Autorité de lutte contre les discriminations et pour l’égalité est débordée par les plaintes pour discriminations en tous genres », soulignait Nabil Merzouck, ancien président de SOS Racisme 37.
Des avocats au barreau de Tours, Maïlys Dubois et Albane Hardy, sont venus rappeler le droit en la matière. D’ailleurs, il ne s’agit pas de mettre tout le monde dans le même panier et les représentants de SOS Racisme l’ont reconnu, évoquant le cas des Trois Orfèvres, injustement fermé en 2000 par le préfet de l’époque et que le tribunal administratif avait finalement réhabilité. Car, comme nous l’écrivions à l’époque, « la machine à refouler l’étranger » n’était pas de mise en ce lieu.

Au demeurant, même si la discrimination est évidente – et les intervenants se sont appuyés sur les nombreux articles parus dans la NR depuis dix ans –, il n’est pas rare que les victimes se rétractent, « par peur d’être fichées par la police, d’être montrées du doigt dans leur quartier » comme disait Pierre Nzinda, actuel président de SOS Racisme Indre-et-Loire. Une association que cet agent de surveillance sécurité incendie à Tours a contribué à relancer il y a deux ans. Et qui n’hésite pas à dénoncer que « les cas les plus flagrants de discriminations concernent l’accès aux discothèques, alors que la plupart des responsables de boîtes de nuit sont eux-mêmes issus de l’immigration… ».

Pascal Landré
la Nouvelle République