La CFTC ne s'attendait certes pas à un miracle, mais déplore que le gouvernement reste toujours enfermé dans une unique logique budgétaire. Seule semble compter la mécanique financière, sans aucune prise en compte de l'Humain et du social. Comme au cours de ces six derniers mois, et ce, malgré la mobilisation persistante et grandissante.
Le gouvernement s'entête à ignorer et à opposer une fin de non-recevoir à toutes les futures victimes de cette réforme inéquitable.
Hier soir, l'unique réponse apportée consistait à amplifier les peurs légitimes des travailleurs en surfant sur un contexte économique très tendu.
Comment est-il possible d'affirmer qu'il n'y a pas de « mise en péril des plus fragiles » ? Bien au contraire ! Les femmes, les carrières longues, les temps partiels, les mères de famille sont précisément celles et ceux qui seront le plus durement touchés par cette réforme. Il existe pourtant des solutions, pour protéger ces publics très vulnérables, mais le gouvernement persiste à ne pas vouloir examiner des solutions alternatives plus équitables, préférant continuer à faire peser le poids de la réforme sur les épaules des plus fragiles.
La CFTC n'a pas vu l'ombre d'une amélioration sur ce projet ni « l'émergence d'un nouveau contrat social ». Bien au contraire. Les carrières longues voient leurs situations inchangées par rapport au système actuel. Le système n'est nullement meilleur que le précédent. Le gouvernement semble considérer qu'il accorde une immense faveur à ces salariés qui travaillent depuis l'adolescence en ne leur appliquant pas la réforme. Mais continuer à les laisser travailler encore davantage, est-ce là vraiment une « situation améliorée » pour eux ?
Quant à la question de l'inégalité salariale et des concessions qui pourraient être faites sur le sujet, il s'agit là encore d'enfumage. C'est un faux débat. D'une part, parce que l'on peut déjà parier que la solution proposée n'a aucune chance d'être plus efficace que les précédentes et d'autre part, parce que cela contourne le problème. La mesure pourrait potentiellement avoir un impact dans plusieurs dizaines d'années sur les montants des pensions de retraite des femmes.
Le nouveau système serait lui appliqué dès 2011. De nombreuses femmes risquent donc malgré des carrières hachées, des temps partiels subis, mais surtout des métiers pénibles, devoir travailler jusqu'à 67 ans pour espérer atteindre un niveau de retraite normal. Comment le gouvernement peut-il assurer sérieusement qu’avec ces montants aussi dérisoires, ces femmes ne basculeront pas dans la précarité ?
Après les nombreuses déclarations péremptoires assénées par l'exécutif aujourd'hui, la CFTC tient à rassurer le gouvernement. Nous ne sommes pas des irresponsables ignorant les défis posés aux générations à venir, mais nous pensons qu'une véritable réforme doit avant tout reposer sur la concertation avec les partenaires sociaux et recueillir l'assentiment de tous les salariés.
Brandir la menace d'un État au bord de la faillite qui ne serait bientôt plus en mesure de verser leurs pensions aux retraités, relève d'une démarche qui n'est pas de nature à apaiser les tensions.
Il est a souhaiter que le Sénat amendera le projet en plafonnant réellement à 60 ans le départ de tous ceux qui ont débuté avant leurs 18 ans. Ce qui n'ôtera pas l'injustice pour ceux qui ont commencé à 19, à 20 ans...