Mediator : quand le médicament tue, l'AFSSAPS doit réagir !
Il y a maintenant un an, en novembre 2009, le médicament anti-diabète Mediator a été banni des pharmacies françaises. L'interdiction du remède a été prononcée à raison, puisque une étude universitaire et une étude de la Caisse nationale d'assurance maladie (CNAM) ont révélé, qu'entre 1976 et 2009, il aurait provoqué le décès d'au moins 500 personnes souffrant de diabète mais aussi d'obésité. Aujourd'hui l'agence française de sécurité sanitaire des produits français (AFSSAPS) s'est emparée du dossier. Elle devrait rendre publics les ravages causés par la prise du Médiator et inciter les praticiens à rappeler leurs patients encore en vie ayant pris ce médicament.
Le nouveau gouvernement sur les chapeaux de roue
A peine le temps de se féliciter de la reconduction de son mandat de Ministre du Travail, de l’emploi et de la Santé, que Xavier Bertrand se met déjà au travail. Aujourd’hui même, il a demandé à Jean Marimbert, directeur général de l'Agence des produits de santé (AFSSAPS), de lui faire un compte rendu détaillé sur le médicament Médiator, à l’origine de nombreux décès de français.
L’entourage du Ministre assure que ce dernier est « préoccupé par ce dossier » et souhaite ainsi faire un point de la situation, concernant le médicament litigieux.
La sollicitation de l’AFSSAPS par le Ministre, est surtout une façon de rappeler à l’Agence, qu’elle va devoir prendre les mesures qui s’imposent, concernant le Mediator, en obligeant par exemple les médecins à soumettre leurs patients, ayant absorbé du Mediator, à des analyses cardiaques.
L’arme du crime : le Médiator
Sur presque trente années, la prise du médicament Mediator aurait causé au moins la mort de 500 patients et l’hospitalisation d’au moins 3 500 personnes.
En outre, ce médicament aurait eu des effets secondaires bénins sur des dizaines de milliers de malades.
Ce médicament a été commercialisé et développé par le deuxième groupe pharmaceutique français, après Sanofi-Aventis : les laboratoires Servier.
Son principe actif est le « benfluorex », qui serait dangereux sur les valves cardiaques.
Le Mediator a été mis sur le marché en 1976, puis retiré en 2009.
Dans un premier temps, le médicament était prescrit aux seuls diabétiques en surcharge pondérale. Par la suite, il a été conseillé à toute personne désireuse de perdre du poids. D’où l’ampleur de cette affaire en France…
145 millions de boites de Mediator auraient été vendues en France, pendant trente ans.
Rôle de l’AFSSAPS
Le législateur a confié notamment à l'Agence française de sécurité sanitaire, la mise en œuvre des vigilances des produits à finalité sanitaire destinés à l'homme. (Article L 5311-1 du Code de la Santé publique)
L'Agence est un établissement public de l'Etat, placé sous la tutelle du ministre chargé de la santé.
Elle dispose d’un pouvoir normatif puisqu’elle « participe à l'application des lois et règlements et prend, dans les cas prévus par des dispositions particulières, des décisions relatives à l'évaluation, aux essais, à la fabrication, à la préparation, à l'importation, à l'exportation, à la distribution en gros, au conditionnement, à la conservation, à l'exploitation, à la mise sur le marché, à la publicité, à la mise en service ou à l'utilisation des produits à finalité sanitaire destinés à l'homme et des produits à finalité cosmétique » (article L5311-1 du Code de la Santé publique)
Par ailleurs, elle peut demander aux autorités compétentes de prendre les mesures de police sanitaire nécessaires, lorsque la population est menacée.
Elle contrôle les médicaments et à l’opportunité de décider de l’octroi, de la suspension ou du retrait de l’autorisation de mise sur le marché d’un médicament.
Aussi, au vu du constat alarmant concernant le Mediator, l’AFSSAPS risque d’obliger les médecins à redoubler de vigilance et à surveiller étroitement leurs patients ayant pris ce médicament.
ADDENDUM en date du 24 novembre 2010
Suite aux réactions que l'article a suscitées, la rédaction souhaite y ajouter quelques précisions:
Si une personne a été sujette au Médiator, dans un premier temps elle doit se rendre dans les plus brefs délais auprès de son médecin traitant. Par la suite, nous lui conseillons de se rapprocher d'une association de consommateurs victimes de ce médicament.
L'association UFC QUE Choisir par exemple, qui probablement déposera plainte au pénal.
Le jeudi 18 novembre 2010, deux particuliers ont d'ores et déjà déposé une plainte contre X, sur le bureau du Procureur de la République de Nanterre pour tromperie aggravée sur la nature, la qualité substantielle et la composition du produit et mise en danger de la vie d'autrui. L'affaire est donc portée devant les juridictions pénales.
De par l'importance du dossier, le parquet de Nanterre devrait se déssaisir au profit du parquet de Paris.
Si les juridictions pénales reconnaissent la qualité de victime des personnes ayant pris du Médiator, ces dernières pourraient être indemnisées.