Soulagement : le monde agricole français finalement satisfait du projet de réforme de la PAC
Les représentants du monde agricole ont salué, hier, le projet de réforme de la politique agricole commune dévoilé plus tôt dans la journée par Bruxelles. Ce dernier conforte, à leurs yeux, un mécanisme dont la France est la première bénéficiaire au sein de l'Union européenne. La réforme de la PAC pour la période 2014-2020, présentée par le commissaire chargé de l'Agriculture, Dacian Ciolos, prévoit ainsi de rééquilibrer les subventions en faveur des petits agriculteurs et des États d'Europe de l'Est, tout en les rendant plus écologiques.
Le monde agricole français s’est montré assez satisfait du projet de réforme de la politique agricole commune (PAC) pour la période 2014-2010, présenté ce jeudi 18 novembre par la Commission européenne.
« La nécessité d'une PAC en Europe est réaffirmée », se félicite le vice-président de la Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles (FNSEA), Xavier Beulin.
En effet, il convient de rappeler qu’il y a deux ans, personne ne donnait cher de la PAC. Beaucoup d'Etats souhaitaient même la remettre en cause.
La Confédération paysanne, elle-même, salue « certaines bonnes intentions » qui marquent une nette rupture avec la vision qu'avait l'ancienne commissaire Mariann Fischer Boel.
Toutefois, elle exprime aussi son « inquiétude sur la réelle détermination de la Commission en faveur d'une politique agricole qui se fixe pour objectif de donner un revenu aux paysans ». Elle juge ainsi difficilement compatibles l'accent mis « sur les revenus, le soutien aux petites fermes et le plafonnement des aides ».
Et affirme par ailleurs la nécessaire restructuration de l'agriculture, qui se pratique depuis une cinquantaine d’années et dont les effets sont ravageurs, pour la rendre plus compétitive.
La Coordination rurale, quant à elle, rejette en bloc le projet d'une PAC qu’elle juge « axée sur une surenchère environnementale », ce qui aura comme conséquences de « punir ceux qui ne pourront y faire face, en réduisant leurs aides ».
Entre force et équité
Le projet de réforme, adopté par la Commission et préparé par le commissaire à l'agriculture, Dacian Ciolos, réaffirme cependant la nécessité d'une PAC « forte ».
Et de la même façon, de la rendre « plus verte », en conditionnant notamment une partie du montant des aides directes à des pratiques protectrice de l'environnement.
Il apparaît également nécessaire de la rendre « plus équitable » en développant deux propositions essentielles : un plafonnement des aides aux plus grandes exploitations et l'instauration d'un « niveau minimum garanti » pour soutenir les petites exploitations.
Concernant la première proposition, la FNSEA rappelle n’avoir jamais été opposée au plafonnement des aides liées à la taille des exploitations.
A la différence notable de son homologue allemand, le Deutscher Bauerverband (DVB), qui est parfaitement hostile à cette idée.
Ce qui peut s’expliquer par le fait que l'Allemagne de l'Est compte majoritairement de grosses exploitations, héritage des coopératives de l'ex-RDA.
Tandis que « les exploitations françaises sont dans la moyenne européenne, et même dans la moyenne basse », souligne Xavier Beulin.
Pour le vice-président de la FNSEA, la véritable inquiétude repose sur le « verdissement » des aides directes que prévoit la Commission.
« Ce verdissement n'est-il pas la traduction d'une absence de volonté de réguler les marchés agricoles ? », s’interroge-t-il.
Ce dernier déplore que le projet de la Commission n'apporte « aucune amélioration » sur les instruments d'intervention sur les marchés (achats et stockages de produits pour réguler la volatilité des cours). Tout en rappelant qu'aujourd'hui, « certaines filières, comme la viande, sont en grandes difficultés ».
« Comment les agriculteurs peuvent-ils gérer leur exploitation quand en l'espace de trois mois un prix peut passer de 100 à 200 euros, et deux mois après retomber à 100 » insiste le vice-président de la FNSEA.
Il est vrai que sur cette question de la volatilité des cours, la commission n'apporte aucune précision. Elle reste sur l'idée qu’il appartient au marché de réguler et aux filières de s'adapter.
Mais assurer une agriculture durable compétitive et respectueuse de l'environnement, de la biodiversité, ne passe-t-il pas par une régulation des marchés ?
Ce qui permettrait justement aux agriculteurs de répondre à un certains nombre d'exigences...
Le projet de réforme de la PAC, « un essai à transformer » au niveau législatif et budgétaire selon l'Assemblée permanente des chambres d'agriculture. En espérant que le prochain soit le bon…