Cabinet : CAROLINE YADAN PESAH
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L’obligation pour le juge de fixer la périodicité d’un droit de visite
Vie familiale
| Lu 9567 fois | 0 réactionCass. Civ 1ère, 10 juin 2015, 14-12.592
Même lorsqu’un droit de visité s’exerce dans un lieu de rencontre, le juge doit fixer la périodicité de ce droit.
En l’espèce, une ordonnance accordait un droit de visite à la requérante pour une durée de 12 mois, sans en fixer la périodicité. Le juge de Cassation casse et annule cette ordonnance, sur le fondement de la violation par cette absence de l’article 373-2-9, alinéa 3 du Code civil, selon lequel « droit de visite, lorsque l'intérêt de l'enfant le commande, peut être exercé dans un espace de rencontre désigné par le juge ».
« Attendu qu'il résulte de ce
texte que, lorsque la résidence de l'enfant est fixée au domicile de l'un des
parents, le juge aux affaires familiales statue sur les modalités du droit de
visite de l'autre parent, ce droit de visite, lorsque l'intérêt de l'enfant le
commande, pouvant être exercé dans un espace de rencontre ;
Attendu que l'ordonnance confirme un droit de visite de M. X... sur son fils
pour une durée de douze mois dans les locaux d'un espace de rencontre "
selon les modalités en vigueur dans le service " ;
Qu'en statuant ainsi, sans fixer la périodicité du droit de visite accordé, la
cour d'appel a méconnu l'étendue de ses pouvoirs et violé le texte susvisé ;
Vu l'article L. 411-3 du code de l'organisation judiciaire ;
Et attendu que la mesure ayant épuisé ses effets, il n'y a plus rien à juger ;
PAR CES MOTIFS :
CASSE ET ANNULE, mais seulement en ce qu'il a fixé un droit de visite pour une
durée de douze mois dans les locaux d'un espace rencontre " selon les
modalités en vigueur dans le service ", l'arrêt rendu le 28 février 2013,
entre les parties, par la cour d'appel de Douai ;
DIT n'y avoir lieu à renvoi ;
Laisse à chacune des parties la charge de ses propres dépens ;
Vu l'article 700 du code de procédure civile, rejette la demande ;
Dit que sur les diligences du procureur général près la Cour de cassation, le
présent arrêt sera transmis pour être transcrit en marge ou à la suite de
l'arrêt partiellement cassé ;
Ainsi fait et jugé par la Cour de cassation, première chambre civile, et
prononcé par le président en son audience publique du dix juin deux mille
quinze.
MOYEN ANNEXE au présent arrêt
Moyen produit par la SCP Barthélemy, Matuchansky, Vexliard et Poupot, avocat
aux Conseils, pour M. X...
Le moyen reproche à l'arrêt confirmatif attaqué D'AVOIR dit que B...
X...exercera un droit de visite pour une durée de 12 mois à compter de la
notification du présent jugement sur A... Y... et non B... X...comme indiqué
dans le jugement confirmé par suite d'une erreur purement matérielle dans les
locaux de l'Espace Rencontre de l'AGSS de l'UDAF selon les modalités en vigueur
dans le service à charge pour Antoinette Y... de conduire ou de faire conduire,
rechercher ou rechercher l'enfant par une personne digne de confiance dans les
locaux du lieu neutre, dit qu'une grille d'évaluation établie par le service
sera transmise au juge mandant à chacune des parties et à leur conseil ; dit
qu'à l'issue de ce délai, l'AGSS de l'UDAF établira un rapport de synthèse sur
l'exécution de sa mission et proposera tout aménagement du droit accordé à B...
X..., dit qu'au-delà, les parties devront fixer amiablement l'exercice des
droits de visite et d'hébergement du père et qu'en cas de désaccord, il
appartiendra à la partie la plus diligente de ressaisir le juge aux affaires
familiales ;
AUX MOTIFS PROPRES QU'aux termes des articles 373-2-1, 373-2-6, 373-2-9 et
373-2-11 du code civil, l'exercice des droits de visite et d'hébergement ne
peut être refusé au parent chez lequel l'enfant ne réside pas que pour des
motifs graves ; que lorsqu'il se prononce sur les droits de visite et
d'hébergement de l'un des parents, le juge statue dans l'intérêt de l'enfant ;
qu'il peut prendre des mesures permettant de garantir la continuité et
l'effectivité du maintien des liens de celui-ci avec chacun de ses parents ;
qu'il prend en compte la pratique antérieure de ces derniers ou les accords
intervenus entre eux, les sentiments exprimés par l'enfant lors de son audition
en justice et les renseignements recueillis dans le cadre d'éventuelles
enquêtes diligentées ; qu'au soutien de son appel, monsieur X... expose qu'il a
saisi le juge des enfants de Valenciennes, en juin 2010, et a déposé plainte
contre le concubin de la mère pour violences, et que, même si un non-lieu à
assistance éducative a été prononcé, A...a bien été frappé par celui-ci ; que
ses inquiétudes étaient donc fondées ; que cela ne remet pas en cause sa prise
en charge et ne compromet pas la construction de l'enfant et qu'il est, par
suite, injuste de le priver d'un libre contact avec A...; que pour demander la
confirmation de la décision, madame Y... estime que monsieur X... fait
abstraction de la réalité de son comportement, qui perturbe A..., à tel point
que celui-ci ne veut plus se rendre chez son père ; que le juge des enfants a
même incité l'intimée à saisir le juge aux affaires familiales en raison du
danger représenté par ce dernier pour son fils ; qu'il résulte de la décision
du juge des enfants de Valenciennes, en date du 11 mai 2011, que les violences
du concubin de madame Y... sur l'enfant ne sont pas établies, que l'enfant
n'est pas en danger chez la mère, au vu de l'enquête sociale, a, au contraire
de très bons résultats scolaires et fait preuve de maturité et qu'un non-lieu à
assistance éducative se trouve donc justifié ; que cette décision fait
également état du comportement du père qui, de manière constante, disqualifie
la mère et argue de maltraitance au domicile maternel, sans la prouver ni
écouter les intervenants sociaux éducatifs, pas plus, d'ailleurs, que le
discours de son enfant, qui ne se plaint ni de son beau-père ni de sa mère ;
que ce comportement de l'appelant interroge le magistrat sur son éventuelle
dangerosité ; que la cour d'appel de ce siège a rendu un arrêt confirmatif de
cette décision, en date du 11 octobre 2011, et retient également que monsieur
X... est principalement préoccupé par ses rancoeurs d'adulte envers la mère ;
qu'il apparaît en outre que celui-ci n'a reconnu l'enfant que près de six ans
après sa naissance et peu de temps après le début du concubinage de madame Y...
avec monsieur Z... ; que ces éléments rendent vraisemblable, sinon la
dangerosité du père, en tout cas le fait qu'il présente une personnalité portée
à l'excès et fait montre d'une animosité certaine à l'égard de la mère, non
justifiée par des inquiétudes prouvées sur la qualité de prise en charge
d'A...par cette dernière ; que si, en effet, la manière dont cette animosité
s'est manifestée à l'origine n'est pas critiquable en soi, ni même inquiétante,
il en est autrement de l'attitude ultérieure de monsieur X..., lors de
l'évaluation sociale de la situation, devant le juge des enfants, la cour
d'appel et le juge aux affaires familiales dans le cadre des débats ayant
abouti à la décision entreprise ; que cette attitude peut être à la fois
qualifiée d'acharnement et totalement infondée au regard des éléments produits ;
qu'elle est de plus, alors surtout que monsieur X... ne conteste pas la réalité
des troubles présentés par A...au retour des droits de visite et d'hébergement
dont il bénéficie, de nature à perturber gravement cet enfant dans sa
construction psychique et à justifier, dans son intérêt, une restriction à
l'exercice des droits du père ; qu'un simple droit de visite en lieu neutre,
avec un encadrement, doit donc être mis en place ; que la décision entreprise
sera confirmée (arrêt, p. 3 à 5) ;
ET AUX MOTIFS ADOPTES QU'Antoinette Y... sollicite des droits de visite en lieu
neutre en raison de la personnalité inquiétante d'B... X...; qu'il résulte de
l'enquête sociale et des décisions de justices transmises que l'obstination de
B... X...à disqualifier Antoinette Y... et à faire la preuve supposée de
maltraitance met l'enfant en difficulté dans sa construction psychique ; qu'il
y a lieu dès lors de n'attribuer à Abdelhouahed X...que des droits de visites
médiatisés (jugement, p. 2 et 3) ;
ALORS QUE le juge qui statue sur le droit de visite et d'hébergement du parent
chez qui l'enfant ne réside pas doit préciser les modalités d'exercice de ce
droit ; qu'en se bornant à dire que monsieur X... exercerait son droit de
visite pour une durée de 12 mois à compter de la notification de la décision
dans les locaux de l'Espace rencontre de l'AGSS de l'UDAF « selon les modalités
en vigueur dans le service », sans préciser les modalités de ce droit et en
particulier sa périodicité, la cour d'appel a méconnu l'étendue de ses pouvoirs
en violation des articles 371-1, 373-2, 373-2-6, 373-2-8 et 373-2-9 du code
civil. »